Recueillement du Pinceau

 

 

séparé le souffle

la chambre du feu
n'est plus habitée
les cendres tremblent
avec un bruit froid

où poser l'offrande

 

s'insurger toujours
quand la branche
heurte la vitre
quand se rompt
le souffle
dire le silence
se laisser
dissoudre
accepter
comme cela est

inéluctable
évidence
du bambou

 

la flamme s'étire
verticale
triangle isocèle
du corps méditant
l'appel traverse
la forme dressée
foudre avec l'or du feu

à l'intérieur
l'obscurité

 

j'ai songé
au miel partagé
aux rires fleuris
sur nos lèvres
un instant suspendue
aux raccourcis
du ciel

 

il n'est rien à saisir
la pluie tombe
le vent balaie
les pensées
il n'est plus rien
à comprendre

il faut entendre
avec les yeux

 

quel sable
ronge le son intérieur
brouille la vision
quel sel suinte
au fond de la plaie

vienne le cristal
la purifiante vibration

 

repose la marge
dans la voix des vallées
à l'orée du vent
le bois est frappé
le corps se fige
l'orient respire
la fissure du temps

se déploie la vie
écho de brume

 

déchirure
encore infectée
la voix découpe
ronge l'esprit

bruit de l'autre
ou
bruit du moi

 

sans attente
sans but
l'esprit se vide
observer
s'observer
en l'instant

les étoiles
ne fanent pas

entrer
dans le ciel

 

le rossignol
sonnera l'heure
du premier rai
la brume rendra-t-elle
le souffle
des âmes enfouies

 

à ceux qui ont peu écouté
à ceux qui ont peu observé

que dire

le rouleau du paysage
ne se dévide pas

pétrifié le temps

 

dans ta constellation
les fréquences basses
dans les brumes tissées
les parfums rares

répondre au jasmin
quand s'étreignent les nuages

 

laisse le rayon de
lumière se poser
la perle des astres
irradier

de leur don
emplis-toi
de gratitude
l'âme peut déborder

 

sur le chemin
disparaissent
parfois les pierres

douce est la poussière

le pied se pose
sans mystère
sous le pas
s'efface
la montagne

 

parfois dire
dire le plein
dire le trop

ne pas dire
ou dire le vide
se désemplir

où accrocher
les mots

aux branches
des pensées
aux feuilles
du silence

 

sept fleurs d'étoiles
en anneaux de feu
murmurent des soleils

deux est un
lien majeur

de l'or des âmes
l'immuable alchimie
transmutation des pierres

 

au-dessus des os
notre chant
dans la fissure
du monde
celui qui sait
celle qui sait

au-dessus des os
notre éveil
sapience des sources
du bois, des pierres

seulement les étoiles

 

se préoccuper
des racines
des brumes
des pierres
que ta main
illumine et
apaise

saisir l'ordre
de ce qui est
et nous éclaire

 

sur le seuil l'étoile
pénètrent parfois
les flots des peurs
les poisons sur l'âme
encore gravés

pourtant ta voix
me nomme et
trace mon ombre
au creux de la
lampe de pierre

sur le seuil l'étoile
contemple l'éternité

 

je tracerai
l'arabesque
des corps
absorbés

le pinceau
épuisera l'encre
au sillon du regard

blanc et noir
en plénitude

 

Il sera plus utile
d'effacer le bruit des
mots vains

dans le leurre des
pensées
dans le leurre des
désirs
ne pas fondre

 

aller ainsi
de pierres en pierres
sous le pied
le caillou glisse
s'écrase la mousse
se redresse le brin d'herbe

aller sans défaire
les rumeurs des roches
écouter chuchoter
le chemin sous nos pas
déroulé

 

être là
en rupture

l'ombre divise
la lumière
dans le tremblement
du bras

au dedans
les ravages
de l'impensable

 

la pierre accable
le cœur nu
arche noire

dans le bruit
de ta finitude
le cri se perd

 

l'acide s'installe
acuminé
en mémoire

rétive l'unité
touche à
sa limite
monte le ruissellement
de l'infini perdu

 

seulement la boue
qui obscurcit
le diamant

un instant
terre et ciel
désunis

cherche la pierre
qui deviendra
voûte
en lumière

 

à Inès

l'unique trait
du silence
que recueille
le pinceau
le passage vers
l'inaccessible
l'un de l'être et
de la matière
par la porte
de l'encre

 

à Simone, à Ventura, à Werner,
à la Sangha,

Le four à pain

 

de terre et
de pierre
s'ouvre le four
au respir du feu

sous la voûte
caresse étreinte
souffle braises

en unité

le pain cuit
le pain se donne
à nos mains

de flamme
et d'eau
s'offre un chant
une geste renouvelée