Dans l'eau
l'arbre grandit
au milieu d'étoiles ourlées
de flammes,
il n'est pas sourd
au langage des signes,
aux présences généreuses ;
sa bouche noue et dénoue
l'anatomie
des corps silencieux,
le regard est encore vert
avec un œil immense
sur les beautés invisibles.
De la source aquatique
coule un langage.

*

 

Sur la dentelle calcaire des coraux
vivent les roses de la mer
aux veines rouges, bleues, vertes
quelquefois noires
si les pensées
ne sont plus réchauffées par le soleil.
Ici, un phare étincelant
se fait gardien
du rocher.
Il sait le secret
des bateaux perdus ou éperdus
ses bras respirent l'énergie
des étreintes, des rêves
comme des bijoux
collés à la peau.
La conque marine
prend tous les noms
de vertiges, de sacrifices, d'abîmes
et d'ardeurs
seulement troublée
par les pulsations de la mer.

 

Colette Espinasse