Le 3 juin 2006,
lors des Journées Poésie de Rodez, le prix Antonin
Artaud a été décerné au premier tour
des délibérations du jury, à Mathieu BÉNÉZET
pour l'ensemble de son uvre, ceci à l'occasion de
la publication de " Mais une galaxie, anthologie - 1977-2000
" en co-éditions chez Obsidiane et Le temps qu'il
fait.
Ont été
également remarqués les ouvrages d'Henry Droguet
(Gallimard), Brice Petit (Grèges) et Erwan Rougé
(Le dé bleu).
Le prix Artaud
couronne l'uvre entière d'un poète. Il n'a
pas été attribué en 2005. Le temps de silence
était nécessaire à l'adaptation du prix aux
exigences de notre temps et au souhait d'accroître son rayonnement.
Le jury était composé des écrivains Joël
Bastard, Michaël Glück, Françoise Hàn,
Christian Hubin, Patrick Labarthe, Alain Lambert, Esther Tellermann
et deux lecteurs désignés par l'association.
Esther Tellermann,
présidente du jury a rendu hommage à Mathieu Bénézet
en ces termes : " d'Antonin Artaud qui donne son nom au prix
attribué à Rodez à un poète contemporain
pour l'ensemble de son uvre, nous souhaitions retrouver
le corps à corps avec la langue, le combat journalier avec
des mots qui peuvent nous dérober à nous-mêmes
comme nous faire être. Nous l'avons retrouvé dans
l'aventure poétique de Mathieu Bénézet qui
conduit lui aussi sa gestuelle depuis quelques quarante ans vers
l'évidence d'une passion -celle d'écrire- afin de
restituer au langage ses significations. " ( ) Elle
a terminé son propos par ces mots : " Pour Mathieu
Bénézet, ici à Rodez, où il eut asile,
le Prix Antonin Artaud 2006. A celui qui nous a donné :
" ( )
l'abîme initial et final
entre deux fragments d'écrire
la rupture de la strophe, la rupture
d'une seconde de ciel
les infimes particules qui répètent
toutes choses dans le ciel
l'illusion de demeurer grâce
à l'irréductible marge
de la voix humaine ".
Mathieu Bénézet,
extraits de " Mais une galaxie " (ed. Obsidiane/Le temps
qu'il fait).
" ai-je vraiment
fait le ménage
ça fait
quoi
sur les lèvres
que devient la
conscience
des enfants
si nous sommes
à jamais
affligés "
mon humains
oubliés
(Une année de larmes)
" Sans doute
n'ai-je pas intégralement compris ma vie
" ma vie avec la poésie " hors de cette longue
traduction
dont je me crus l'élu. Je sais que l'attaque que je mène
est
violente mais l'attaque est le principe de l'existence
poétique. Et je demande je te demande si cela exista
jamais ailleurs que dans un rêve mon rêve aujourd'hui
tête en bas. Mon rêve volumineux
Peut-être est-il temps que je vieillisse dans le souvenir
Non je ne saurais expliquer le déclin de la poésie
(pour moi) autrement qu'un fléau venu d'un abîme
Mais l'absence de poésie et la vie
Qui ne croît plus blessent d'un même dard et c'est
dit
Deux fois dans la poésie et dans la vie Suis-je celui
Qui demande un instant encore pour accompagner cette pensée-là
Or il est dit deux fois que seul tu manques
Et que la poésie ne manque de rien. Pourquoi veux-je t'en
parler
Chercherais-je l'origine d'un bouleversement vivant
(L'aphonie de Hegel)